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Laurent fièvre

Explorer le temps jusqu’à l’os.

 

Les œuvres de Laurent Fièvre se collent éperdument dans les recoins les plus enfouis de notre inconscient, là où siège notre désir de poétique mélancolie.

Elles viennent éclairer notre peur infantile du noir, tout en délicatesse, tout en douceur. Et ces visages, ces expressions…

Vanités modernes, si l’on regarde sans s’attarder.

C’est bien davantage.

Du clair dans l’obscur, des textures à faces de terre, lambeaux vaporeux, voiles de l’être et chairs en symphonies de linceuls… des apparitions surgies d’un noir infini, vertigineux… Et ces orbites démesurées, en souvenirs de regards, ces mêmes regards perçants qui ont su voir l’invisible, deviner l’insoupçonnable qui réside par delà les apparences…

Quelquefois scintillent de petits globes blancs, des yeux épuisés à l’iris bleuté : la vie subsiste derrière ce sommeil d’ossements, ces crânes aux anthropométries si caractéristiques. Une touche de rouge intervient de temps à autre sur la toile, rappelant le liquide vital qui irrigua jadis les tissus désormais brunâtres et exsangues.

 

Il y a du sacré dans le travail de Laurent Fièvre : rapprocher ses séries de personnages d’une certaine conception de l’icône ne me paraît pas déplacé. Une inspiration qui s’inscrirait dans un vaste héritage, aux racines immémoriales, puisant dans les origines du culte des morts, les momifications égyptiennes, aztèques ou diverses pratiques tribales…

Cependant, à sa façon, la poésie étonnante qui transpire de ses œuvres encense la vie ! Un remarquable travail sur le temps, celui qui efface et laisse des traces, celui que l’on redoute parce qu’il nous désarme dans notre éphémère enveloppe de chair ; c’est ce temps, source de création artistique éternelle, que Laurent Fièvre nous donne à voir, magistralement.

 

Le 2 juin 2014 Jean-Henri Maisonneuve

 

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